Deux poids, deux mesures. Alors que ses règles interdisent normalement les propos à caractère violents, Facebook annonce autoriser ce genre de discours à l’encontre de l’armée et des dirigeants russes dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Coup de tonnerre chez Facebook ! La guerre en Ukraine semble faire perdre la tête au géant américain qui, pour la première fois de son histoire, revoit complètement sa politique de modération. Andy Stone, responsable de la communication de Meta, maison-mère de Facebook et Instagram a indiqué à l’AFP :
En raison de l’invasion russe de l’Ukraine, nous faisons preuve d’indulgence pour des formes d’expression politique qui enfreindraient normalement nos règles sur les discours violents telles que « mort aux envahisseurs russes ».
Andy Stone
Vous avez bien lu : les discours violents à l’encontre de l’armée et des dirigeants russes sont exceptionnellement autorisés sur le réseau social de Mark Zuckerberg. Néanmoins, Andy Stone précise que les « appels crédibles à la violence contre les civils russes » ne sont pas autorisés.
La guerre se fait aussi sur les réseaux sociaux
Cette déclaration intervient alors que l’agence Reuters révélait la mise jour du règlement de la modération dans plusieurs pays européens : Arménie, Azerbaïdjan, Estonie, Géorgie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Russie, Slovaquie et Ukraine.
Meta, Twitter, Google et consorts livrent une bataille acharnée contre le Kremlin qui n’hésite pas non plus à riposter. La Russie a complètement bloqué Facebook sur son territoire pour avoir interdit Russia Today, Sputnik et d’autres médias proches du pouvoir sur sa plateforme.
Twitter est lui aussi très restreint sur le sol russe. La semaine dernière, une loi punissant de quinze ans de prison la propagation d’informations visant à « discréditer » les forces militaires russes a été votée, indique Les Échos.
En réaction, la plupart des entreprises américaines ont décidé de sanctionner la Russie. Microsoft et Apple ne vendent plus leurs produits en Russie, Netflix, Intel et Airbnb y ont aussi suspendu leurs activités.
D’autres secteurs ont aussi pris la décision de suspendre leurs opérations. McDonald’s va fermer temporairement ses 850 restaurants dont 2 sont situés sur la célèbre Place Rouge. Starbucks va aussi fermer ses 130 cafés. Enfin, Coca-Cola et Pepsi ne distribueront plus leurs sodas.
Un véritable casse-tête
Si Facebook et d’autres entreprises occidentales ont choisi de sortir l’artillerie lourde, la présence en Russie tourne au casse-tête pour d’autres multinationales. En France, le groupe Mulliez a choisi de garder ses magasins Auchan, Leroy Merlin et Decathlon ouverts sur le territoire russe.
Auchan, c’est 43 magasins en Ukraine mais 235 en Russie. Même constat chez Leroy Merlin (6 en Ukraine, une centaine en Russie) et Decathlon (4 et 60). Une source proche du fondateur explique aux Echos que la priorité pour la famille Mulliez est de ne pas fragiliser les 90 000 salariés russes du groupe. « Ils ne sont pour rien dans le déclenchement de la guerre et ils ont besoin de leur travail » déclare la source.
Mais l’isolation du pays pourrait de toute façon avoir raison de l’activité des Mulliez en Russie. Decathlon par exemple importe 100% de son assortiment.
Pour Renault, qui contrôle 68% d’AvtoVAZ (société russe qui détient Lada), sortir de la Russie serait aussi très compliqué. L’entreprise y emploie 40 000 salariés et sortir du marché représenterait un coût financier très élevé.
Enfin, si TikTok a choisi de se joindre aux géants américains, de nombreuses marques asiatiques hésitent encore à s’engager. Uniqlo par exemple a déjà annoncé qu’il maintiendrait ses 50 boutiques ouvertes en justifiant que « l’habillement est une nécessité de la vie ». Avoir un toit aussi…
Source: Facebook